Le 16 décembre 1928, le Stade Malherbe reçoit le club de l’AS Stella de Cherbourg au stade de Venoix. Depuis la création de la division d’honneur de Basse-Normandie en 1919, le Stade Malherbe règne sans partage sur ce championnat. Pourtant, un club commence à contester cette hégémonie : la Stella de Cherbourg. C’est donc un match au sommet entre le premier et son dauphin qui se déroule sur le « ground » de Venoix en ce dimanche de décembre 1928. En plus de la suprématie locale, le vainqueur du match est quasiment assuré de terminer premier du groupe. Cette place permet à son occupant de participer directement -pour la saison suivante- au nouveau championnat de Normandie qui réunit les clubs de Haute et Basse Normandie.
Les Caennais débutent le match pied au plancher et ouvrent rapidement la marque par l’intermédiaire de son attaquant Leperlier. Les Cherbourgeois sont sur la défensive et le gardien Leclerc multiplie les exploits. La mi-temps est sifflée sur ce score de 1 à 0. En deuxième mi-temps, les Caennais reprennent de plus bel et ajoutent un second but par Maroquesne. C’est alors que les joueurs cherbourgeois se rebiffent et réduisent le score dans la foulée. C’est au tour des Caennais d’être sur la défensive. Et sur un corner, les Cherbourgeois égalisent. Le match se termine sur ce score de parité et la Stella conserve sa première place au classement.
Ce match aurait pu en rester là mais les spectateurs du Venoix étaient très mécontents de l’arbitrage qui était, à leurs yeux, trop favorable aux cherbourgeois notamment en oubliant de siffler un penalty. Monsieur Sainthuille, c’est son nom, est pris à parti verbalement à la mi-temps par un spectateur. A la fin du match, alors qu’il regagne les vestiaires, un spectateur se jette sur lui et lui assène un coup de poing derrière l’oreille ! D’autres spectateurs insultent l’arbitre et certains crient « à mort ! ». Monsieur Sainthuille arrive quand même à regagner les vestiaires. Mais dehors, la foule se presse ; environ 200 personnes attendent la sortie de l’arbitre. Puis c’est au tour du délégué du district de Basse-Normandie – monsieur Blancheton – d’être pris à parti. Le président de ce même district est menacé d’un coup de canne ! Finalement, la tension retombe et les spectateurs mécontents quittent le parc des sports.
Mais le district décide de ne pas en rester là et un point sur ces incidents est ajouté à l’ordre du jour de la réunion du district qui se déroule le samedi 22 décembre à Saint Lô. Le président du club, Ernest Benoit du Rey, s’y rend pour défendre son club. Il doit se justifier face à un rapport accablant de l’arbitre ainsi que du délégué. Qui plus est, le président du district était présent lors du match et a bien vu les incidents, il dénonce notamment « la carence du service d’ordre qui ne put faire évacuer les spectateurs encore groupés devant le vestiaire de l’arbitre, plus de trois quarts d’heure après la rencontre« . Benoit du Rey estime que le club n’a rien à se reprocher dans la gestion des incidents et qu’il se portera partie civile dans le procès de l’agresseur – un dénommé Martin – que le club nie par ailleurs connaitre. C’est d’ailleurs le club qui a identifié l’individu et qui l’a amené jusqu’au vestiaire pour qu’il fasse ses excuses à Sainthuille. Mais, profitant d’une nouvelle incursion dans le vestiaire, celui-ci a pris la fuite !
Après avoir écouté toutes les parties, les membres du comité décident des sanctions à prendre : ils rejettent d’abord la proposition d’une forte amende mais valident la suspension de Venoix pour quinze jours par 7 voix contre une et deux bulletins blanc. Cette suspension est valable à compter du 2 janvier 1929 afin de ne pas empêcher la tenue de deux matchs de bienfaisance au profit des tuberculeux organisés fin décembre par le Stade Malherbe.
Bonjour @CChartresFoot, toujours un plaisir chaque année de retrouver des clubs aux comptes Twitters abandonnés, la magie de la coupe ! 🥰 #CCFSMC #CoupeDeFrance
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