A copa do mundo é terminada. Acabado. Kaputt. Pour prendre le pouls du foot au plus près possible (et pour oublier un peu son manque de d’Ornanaõ), la Caencaneuse a entrepris la traversée atlantique et l’aventure brésilienne. Elle s’est ainsi établie à Rio en juillet 2014, comme avant elle les valeureux Normands qui avaient entrepris ce voyage au XVIème siècle. Eh oui, quel rayonnement mes amis. Ils avaient même appelé le célèbre mont Pain de Sucre le « pot de beurre ». La Normandie vraie quoi, mais au Brésil. Normal, cela dit, qu’on se plaise à Rio, une ville qui monte et qui descend. Déjà un point commun.
Eh bien 500 ans après que les premiers arrivés sur place eurent été boutés de là par les Portugais, j’ai été dégoûtée par les Allemands. Ne vous énervez pas, je ne dis pas qu’ils n’ont pas mérité. Mais, je prends toujours le parti du plus petit, jamais celui du favori. Mathématiquement, moins de chance de gagner donc, je devrais m’y habituer. Mais non.
Pour me comprendre, il aurait fallu que vous voyiez comme j’ai vu, à Rio, dans le stade, dans les rues, la ferveur dans les yeux des Argentins. L’intensité de leur passion, la gravité de la cause : cette coupe du monde, il la leur fallait, follement. Pour chambrer nos hôtes brésiliens d’abord, par orgueil, un peu, mais surtout pour répondre à une disette, à une faim terrible. Pour une fin terrible. Pour la toute première fois, j’ai aimé des bleus ciel. Tout arrive.
Il y avait en revanche chez les Allemands de la sérénité, de la tranquillité. Tranquille cool chaussettes claquettes pintes à la main, qu’ils étaient. Plus tard, on a compris. On a su. Ils avaient Manuel Neuer. Rien ne pouvait leur arriver. Comme on aura Rémi Vercoutre. Tranquille cool tongs embuscades par-dessus l’épaule, qu’on va être.
Donc juste avant le jour J au Maracana, il y avait dans l’air cette tension indescriptible, cette dramaturgie propre aux grandes finales. En les regardant, je ne pouvais m’empêcher de me demander : lesquels vont exulter ? Lesquels vont d’effondrer ? Qui est le Caen, et qui est le Strasbourg de l’autre ? Sans surprise, Strasbourg, c’était l’Allemagne. Ca m’a rappelé des heures sombres de notre histoire, mes amis. La détresse totale des Argentins, leurs regards qui cherchent des réponses, les larmes… la Caencaneuse s’est crue revenue au moment du pire : Istres, 2005.
Alors moi aussi, j’ai essayé de trouver un sens à tout ça, au crépuscule d’un événement mondial et à l’aube d’un autre, la montée de Caen en ligue 1. Des enseignements, j’en ai cherché. Cette coupe du monde n’a pas eu de vainqueur surprise, certes, mais quelques outsiders s’y sont quand même distingués à leur manière, avec la manière. La France, selon moi, mais aussi le Costa Rica par exemple. Il y a avait du Malherbe dans ces Rouge et Bleu là, petit poucet venu défier les ogres avec panache. On peut parler de la Colombie également. D’ailleurs, s’il y a du Costa Rica dans Caen, il n’y a déjà plus de Colombie dans Monaco, et c’est un bon point pour nous.
A des spécialistes foot qu’on a croisés à Rio, on a vendu le rêve normand. On nous a alors demandé, avec le plus grand culot, « mais Caen, ça va se maintenir ? ». Est-ce que Caen va se maintenir ?! Poser cette question à la Caencaneuse, c’est comme demander à un Allemand si l’Allemagne va être championne du monde. Une chose est sûre, en revanche, devenir observatrice des supporters le temps d’une finale avec un grand F, ça ne donne que l’envie de retrouver son clan et se lancer à son tour dans la bataille. Partir à la conquête de nouvelles rives, et, contrairement à notre expédition carioca écourtée il y a 500 ans, s’établir pour de bon en ligue 1.
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