They Are Malherbe vous propose de retrouver les anciens porteurs du maillot rouge et bleu, pour des entretiens à cœurs ouverts et pour que dure encore un peu l’histoire. Aujourd’hui c’est Alain Douville qui se prête au jeu.
Combien de temps es-tu resté sous les couleurs du Stade Malherbe de Caen ? Ton parcours ?
28 ans. Gardien de but de 1973 à 1985, 310 matchs avec Malherbe, et entraîneur des gardiens de 1985 à 2001.
Ton meilleur souvenir de joueur ?
Difficile d’en donner un en particulier. Je dirais quand même notre « exploit » en Coupe de France en 1984 où, fraichement promus en D2, nous avions sorti le LOSC alors en D1 sur le score de 2-1. Un beau souvenir.
Ton pire souvenir de joueur ?
Alors là c’est facile ! En équipe de France amateur, on joue contre l’Allemagne (composée de beaucoup de joueurs de D2 voir D1 Allemande) et le gardien titulaire se blesse juste avant le match. Je dois donc le remplacer au dernier moment. Je n’ai pas réussi à gérer la pression, j’ai été ridicule et on prend 5-0, propre et net.
Comble de l’humiliation à la fin du match, sonné et abattu je vais quand même échanger mon maillot avec le gardien allemand Koitka, alors gardien de Hambourg. Il m’a donné le sien et a refusé le mien…
Tes anciens coéquipiers préférés ?
Guy Lunel, le capitaine de l’époque, et Yannick Carreau. Ce sont de vrais amis.
Ton coach préféré ?
Pierre Mankowski pour ses qualités humaines et tout ce qu’il m’a apporté. En plus nous étions très complices.
Le joueur qui t’a le plus marqué (impressionné) dans ta carrière ?
(Sans hésiter) Bosko Antic, un monstre. Il est arrivé d’Angers en 1975 à 33 ans, avec sa sympathie et sa bonne humeur, et on a découvert un pied gauche redoutable, un technicien hors du commun. Je me souviens de ses coups francs à l’entrainement (rires), j’ai souffert !
Tes qualités et forces de footballeur ?
Ma vivacité et ma détente. On m’appelait « el gato », le chat !
Tes faiblesses et failles de footballeur ?
(sans hésiter) Le mental, clairement. Je doutais vite, très vite et, à un certain niveau, ça ne pardonne pas.
Si tu devais trouver un footballeur actuel qui te ressemble ?
Je préfère ne pas répondre. Ce serait un manque d’humilité de ma part que de me comparer à des gens bien plus forts que moi.
Une anecdote, un truc insolite ?
Oh, il y a bien un truc oui… C’est arrivé à Bosko Antic à l’époque. En match il commence à partir en dribble comme un fou, il passe un joueur, met un petit pont au deuxième, un grand pont au troisième, passe le quatrième et se fait faucher violement. A terre, il regarde l’arbitre, l’air de dire « vous ne sifflez pas ? » et là c’est véridique : l’arbitre le regarde et lui dit : « Fallait donner ta balle avant ! »
Suis-tu toujours l’équipe en championnat ?
Je ne vais pas aux matches autant que je le voudrais mais je reste le supporter numéro 1 du Stade Malherbe !
Tes impressions sur l’équipe actuelle
Ils ont fait un début de saison fantastique, et j’en suis le plus heureux. L’équipe est pleine de qualités. En revanche les derniers matchs m’inquiètent un peu, j’espère qu’ils vont garder les pieds sur terre et ne pas oublier que le maintien se joue à 42 points.
Le meilleur joueur de L1 ? du Monde ?
Verratti je le trouve excellent. De plus, j’ai l’impression qu’il a mûri cette année. Il est plus discipliné, plus propre. Il ira loin.
Au monde… Je vais choisir celui qui m’a fait rêver : Johann Cruyff. Il savait tout faire ce garçon.
Par rapport à l’époque où tu foulais les pelouses, Le football a-t-il beaucoup changé selon toi ?
Clairement oui ! A mon époque, déjà, nous n’étions pas professionnels. On travaillait tous à côté. Alors les déplacements le weekend à l’autre bout de la France, il fallait en vouloir.
Maintenant le foot est géré par l’argent et les médias, on voit beaucoup de jeunes footballeurs avec des crêtes et des chaussures fluo, presque en train d’engueuler les vétérans. Je trouve ça dommage. Mais bon, il y a de tout partout et il ne faut pas généraliser.
Des nouvelles de toi, que deviens-tu ?
Retraité de l’Education nationale après avoir été prof d’EPS au lycée Malherbe puis à Salvador Allende.
Je continue de suivre le SMC maintenant que j’ai plus de temps !