Figurez-vous que nous recevons régulièrement du courrier chez We Are Malherbe : des compliments, des insultes, des petites culottes, et aussi, parfois, des questions. Nous en avons reçu une ce soir, en plein Caen – Montpellier. Un certain Xavier G. nous demande ainsi : « Qu’est-ce qu’un scénario catastrophe ? »
Très bonne question Xavier ! On te remercie pour la pertinence de celle-ci. Et bien je vais essayer de te répondre simplement : un scénario catastrophe, c’est quant le sort s’emballe et, dans un enchaînement de faits malheureux, semble t’entraîner inéluctablement vers une fin tragique. Si nous devions choisir un exemple pour expliquer encore un peu plus clairement ce qu’est un scénario catastrophe, je dirais que la situation actuelle du SM Caen est assez appropriée.
Alors qu’est ce qu’il se passe exactement, dans le déroulement de ce scénario : le contexte de départ, une saison molle, mi-figue mi-raisin, avec un peu de faux rythme et beaucoup d’inconstance, mais juste ce qu’il faut d’exploits pour te faire avoir bêtement la confiance jusqu’en avril. L’arbre qui cache la forêt, et boum, te voilà à 6 semaines de la fin qui découvre que le bosquet est peut-être un peu plus gros que prévu.
La trame est prête, et alors, comment qu’il se déroule donc ce scénario catastrophe ? Alors ça commence par un petit enchaînement de défaites dans une certaine indifférence. Se présentent alors le FAMEUX « adversaire direct », le FAMEUX « match qu’il ne faut pas perdre », le « trouillico » et c’est la dégringolade. Le piège est tendu, le pied est déjà pris dedans. Lorient ? Raté. Montpellier ? Encore raté.
Là tout bon auteur de scénario sait que ça ne suffit pas encore tout à fait, il faut en rajouter une couche. On peut par exemple penser à un blessé qui fait mal, allez, le petit Guilbert au hasard. On va surtout surenchérir avec des événements extérieurs défavorables : des victoires de Lorient à Lyon, une victoire de Nancy contre Rennes… Alors, si vous n’aviez pas pensé à regarder le classement avant (hein Patoche), ben continuez à vous abstenir, c’est pas le moment, c’est moche.
Et alors Xavier, tu vas sûrement me demander, « comment ça finit un scénario catastrophe ?, encore une bonne question ! Je n’ai pas la réponse. Deux options : le déroulement continue implacablement, tu te rapproches de la zone rouge, tu te rapproches, tu te rapp… et badaboum les barrages. Une chance sur deux. Tu vis ta vie à pile ou face. Tu perds la moitié de tes supporters terrassés par des arrêts cardiaques et autres crises de tétanie ou d’apoplexie.
Deuxième option : tu tires la sonnette d’alarme. Tu fais revenir les costauds. Enfin le costaud. Le mec n’en peut plus. Il allait prendre sa retraite tranquille. Et là il faut qu’il accomplisse une dernière mission : relever le vestiaire, aller s’arracher les derniers muscles et tenir la baraque sur ses deux bras.
Parce que tous les scénarios catastrophe ne finissent pas en catastrophe, si c’est ta question Xavier. C’est même tout l’art de cette discipline : flirter avec l’issue fatale, de très près, se faire peur, se dire que cette fois c’est foutu, se dire que la relégation plus le départ de Ce Héros ce serait vraiment trop pour nous… et puis trouver juste assez de ressort pour rebondir à la dernière minute, l’esquive, le pas de côté.
Voilà, c’est ça Xavier un scénario catastrophe. Les gens adorent ça. Ça fait un beau final de ligue 1. Moi c’est forcément ce que je préfère. Si vous avez d’autres questions à nous poser en attendant, comme « pourquoi on défend à 5 si c’est pour prendre autant de but », ou encore « est-ce qu’on va mouiller le maillot avant les vacances d’été », on vous répondra promis. Après avoir pris un petit remontant.