J’ai fait une insomnie. A J-3. Tu sais quand tu te réveilles en panique, tu ne sais plus où tu es, en ligue 1 ou en ligue 2. Et surtout tu as une angoisse. Une angoisse d’abandon. Il s’en va vraiment ? Il va nous laisser comme ça ? Après SEULEMENT seize saisons d’amour ? Mais qu’est-ce qu’on va devenir, sans lui ?
C’est quelque chose quand même, cette semaine d’avant Caen-Rennes. La semaine la plus longue de l’année, sûrement. On croise dans Caen des supporters qui errent, qui ne savent plus s’ils sont davantage torturés par la question du maintien ou le départ de Ce Héros… C’est un peu ce qu’on appelle une fin de saison à la Caennaise, l’apothéose, le « lexomico ». On va se maintenir, naturellement, parce que s’appuyer sur des Bretons pour faire la courte échelle au classement y’a rien de meilleur. Mais on souffrira quand même un petit peu, quelque chose va se casser, quelque chose se déchirera dans nos petits coeurs de supporters.
Ce Héros, c’était le phare dans la tempête. C’était le guide de haute montagne. La vigie dans le noir. Les feux anti-brouillards. Le cochonnet pour les boules. La flambée dans la cheminée un jour de froid. Notre roc, notre cap, notre pic, notre péninsule (rien à voir avec son nez absolument parfait).
Ce Héros, c’est pour la vie. Ce Héros ça ne s’arrête pas ce samedi avec le dernier match à d’Ornano. Ce Héros sera toujours là. Nul doute qu’en 2034, quand on luttera pour le maintien, quelqu’un ressortira la fameuse banderole « On veut 11 Seube sur le terrain ». Tu sais pourquoi Ce Héros ? Parce qu’en plus d’être le symbole de la longévité et de la fidélité au club, de la tête haute dans les bons comme les mauvais poutrages, de la dignité dans la montée et la descente, tu te paies le luxe d’être modeste. Tu es une école du football à toi tout seul (sauf pour les reprises sur le toit de d’Ornano).
Mais qu’est-ce qu’on va devenir sans toi dans l’effectif ? Sans toi pour t’arracher sur un ballon qui va sortir en touche (et te blesser là-dessus il y a deux semaines, comme un symbole)… Sans toi pour occuper tous les postes… Sans toi pour faire venir des filles au stade… Sans toi pour nous éblouir en relevant tes cheveux…
Il n’y a pas longtemps, tu nous as dit de ne pas nous inquiéter, que tu serais toujours là, pas loin quelque part au stade les soirs de match. Si tu pouvais te mettre vraiment juste à côté de nous on serait encore plus rassurés tu sais.
Tu nous dis aussi qu’il faut savoir s’arrêter. Que ça tire trop sur les mollets. Mais excuse nous, c’est humain de se dire que c’est la fin d’une époque… On préférerait lancer une collecte de papier bulle pour t’enrouler dedans et t’envoyer quand même sur le terrain. En prenant ta retraite, tu nous mets à tous dix ans de plus dans la vue. On pourra dire « j’ai connu l’ère Nicolas Seube ». Rien que pour ça, merci à toi.
J’ai connu l’ère Nicolas Seube, c’était beau, c’était fort, c’était Ce Héros ♥