« Vendus ! », « Mafieux ! » les soupçons de connivences avec le club n’ont pas tardé à inonder les réseaux sociaux suite à la publication de plusieurs articles prenant la défense de Patrice Garande sur notre site. N’étant pas tout à fait sur la même longueur d’onde, je me suis donc octroyé un droit de réponse.
Rendons tout d’abord à César ce qui appartient à César. Avec une montée et trois saisons consécutives en Ligue 1 dont une très belle 7ème place il y a deux ans, le bilan comptable de Patrice Garande à Caen est plus que correct et le classe, n’ayons pas peur des mots, parmi les plus grands entraineurs de l’histoire du SM Caen. Mais il nous appartient désormais de regarder vers l’avant.
Cette saison a été éprouvante et difficile, non seulement au classement mais aussi au niveau du jeu, avec en point d’orgue la défaite à domicile contre Nantes 2-0 fin avril. C’était la première fois que je voyais le kop renoncer à encourager ses joueurs et s’asseoir au bout de 30 minutes seulement, résigné par la prestation indigne d’une équipe sans ressources. On a trop vu cette saison de longs ballons directement envoyés par les défenseurs sur le pauvre Santini esseulé, et des centres à n’en plus finir comme seul argument offensif.
On connait la ligne directrice du Président Fortin : pas question de virer un entraineur s’il n’a pas commis de faute grave. En dehors de la pauvreté du jeu affichée tout du long de la saison, il y avait pourtant de quoi constituer un solide dossier à l’encontre de Patrice Garande. Petit rappel des faits :
Le 18 février, Malherbe subit sa troisième défaite d’affilée face à Lille (0-1) après avoir évolué en supériorité numérique pendant plus d’une demie heure. La tension est palpable à la sortie du stade quand « Olaf » vient s’expliquer avec le coach caennais. Patoche fini par perdre ses nerfs en insultant le boss du MNK de « bouffon » après qu’il lui ait été reproché d’avoir perdu la confiance de ses joueurs. Une affirmation pourtant confirmée par Jean-François Fortin lui-même à l’heure de dresser le bilan de la saison : « Pour ma part, je pense qu’avec un groupe de joueurs à 90 % identique, ce serait quasi impossible que Patrice continue. »
Le 2 avril, Caen se déplace à Lorient, alors bon dernier du championnat. L’enjeu est capital : soit les Malherbistes s’imposent et condamnent définitivement les Lorientais à bouffer des pizzas dégueulasses le vendredi soir, soit ils relancent totalement leurs adversaires dans la course au maintien. Vous connaissez la suite. Encore une fois, Malherbe rate le coche face à un concurrent direct. Le remplacement de Santini par Ben Youssef à 10 minutes de la fin alors que nous sommes menés 1-0 passe d’autant plus mal. Ce changement restera sans doute parmi les plus grands mystères de l’humanité avec le big bang et la présence de Moussa Sissoko en Equipe de France. A la fin du match, Patrice Garande enlace son homologue lorientais dans un grand sourire comme si gagner ou perdre ne lui faisait ni chaud ni froid.
– Putain Bernard, quand tu penses à notre talent et aux équipes de merde qu'on nous file pic.twitter.com/RFuWg2s281
— Jérôme Leroi Merlu (@JeLeRoiMerlu) May 27, 2017
Le 27 mai, il donne une interview surréaliste dans les colonnes de Ouest-France ou il dézingue ses joueurs un par un sans daigner se remettre un tant soit peu en question. Tout le monde y passe, même ce bon vieux Vercoutre qui a sauvé les meubles à de nombreuses reprises durant la saison, malgré une fin plus délicate il est vrai. De toute façon, si on peut être d’accord sur le fond, la forme est d’autant plus incompréhensible que Patoche a défendu ses joueurs toute l’année à coup de « j’ai vu de bonnes choses » et « on a un groupe pour finir entre la 8ème et la 12ème place ». Encore un changement tactique plus que douteux du coach caennais. Et surtout, pas de quoi donner envie de venir travailler avec lui à la veille d’un mercato de la plus haute importance.
Après avoir dit tout ça, le non maintien de Garande à la tête de l’équipe apparait comme une évidence. Mais Fortin semble plus attaché à ses principes qu’à toute forme de logique. Il ne reste plus qu’un an de contrat à Patoche et une prolongation ne semble pas être à l’ordre du jour. Que fera-t-on à l’issue de la saison prochaine après avoir renouvelé la majorité de l’effectif cet été ? Filer un CDI à Garande ou changer d’entraineur pour repartir encore sur un autre cycle ?
Enfin, doit-on rappeler que le Stade Malherbe serait descendu dans 95% des cas avec 37 points lors des 20 dernières saisons de Ligue 1 ? Autant dire que ce maintien tient presque du miracle, et nous supporters avons connu bien trop de déceptions ces dernières années pour ne pas tirer la sonnette d’alarme. Une nouvelle fois, la responsabilité du président Fortin à maintenir son entraineur contre vent et marées, est immense.
Pour ma part, difficile de partir en vacances l’esprit léger, sans penser à ce joueur qu’on aurait pu faire signer ou ce cadre qu’on aurait pu prolonger en lui présentant un nouveau projet sportif un peu plus sexy. Si j’ai confiance en la faculté d’Alain Cavéglia à nous dénicher de nouvelles pépites, j’en ai moins en notre capacité à boucler certains dossiers après une saison si délicate et un entraineur à la réputation devenue sulfureuse…