Un soir, alors que je regardais un match du PSG pour jauger la concurrence dans la course au titre, j’ai eu une vision. D’abord, j’ai réalisé que nos joueurs, nos petits biquets, ceux à qui on fait coucou quand on les croise en allant acheter le pain, ceux qui rougissent quand on leur dit tout notre amour au téléphone sur France Bleu, ceux qui nous font des smileys gênés sur twitter, oui ceux-là, ceux-là vont devoir défendre sur Neymar.
Soupir.
A la fois c’était beau, mais ça me laissait un goût amer. Un goût d’inachevé. Pourquoi ? Parce que la vraie rencontre des légendes n’aura pas lieu. Ce choc que le football attendait. Ce choc qui aurait gonflé mon cœur plus encore que le prix des places pour Caen PSG.
On a raté le duel Neymar – Seube putain. Je sais pas si vous vous rendez compte. J’en finis plus de regretter ce départ en retraite. On est passé si près. Alors je l’ai imaginé.
Extraordinaire. Pas d’autre mot pour ce match dans le match. Nico lui aurait fait une petite tape sur l’épaule dans le couloir genre « salut gamin, bon match ! ». Neymar il aurait été Junior à côté. Et il aurait tout donné le vieux briscard. Comme toujours. Il se serait mis minable. A des moments, on n’aurait plus su s’il était parterre ou debout, en avance ou en retard, mais il aurait été là. Héroïque.
Bam crochet et toupie de Neymar, Seube se coince le dos. Mais il continue son match courageusement avec son lumbago. Père courage. Comme toujours. Neymar est à 2 doigts de se décourager face à ce monstre d’abnégation. Mais il insiste. C’est un combat terrible. Seube n’est pas K.O. Il s’accroche. On regarde ça avec fascination. Un peu malsaine la fascination. Tu te demandes s’il va s’écrouler, comme le taureau dans l’arène. On l’admire. Comme on a aimé l’admirer. Comme on aurait aimé l’admirer encore. Dans sa bravoure.
Et la ça se produit. Là. L’éclair dans la nuit : ça y’est ce héros a chipé le ballon au Brésilien. Il l’a. Il le tient. Il l’a effacé. Sur une trajectoire devinée. Une touche mal jouée. Peu importe. Il lui a pris le ballon et Neymar ne le reverra pas.
Soubi remonte tout le terrain, galvanisé, oubliant ses 58 ans, la mèche au vent, la sueur sur le front. Le public hurle derrière lui. Le public souffle tous ses poumons pour lui envoyer du souffle. C’est la 89ème minute. Les téléspectateurs s’accrochent à leur canapé. Sa folle chevauchée se poursuit. Neymar est loin. Personne n’a anticipé cette montée d’une légende qui peut se faire les croisés sur chaque appui à ce moment d’un match aussi intense. Ce Héros se présente devant le but parisien et le voilà qui arme. Mon cœur s’arrête. Le temps aussi : le voila qui décoche enfin la frappe dont il a le secret : le drop entre les 2 perches. Au dessus de la transversale. Quelque part dans le ciel étoilé. Nuit magique.
On aurait aimé voir ça Nico putain. C’était toi notre meilleur transfert de l’histoire