Monsieur le (nouveau) Président,
Je supporte Malherbe depuis bientôt 25 ans. Le temps passe vite ; c’est vrai qu’avec mon club de cœur, on ne s’ennuie jamais. Ma première saison fut sacrée par une montée, ma deuxième par une descente et la troisième marqua le début d’une longue attente, très longue, avant de retrouver l’élite. A 10 ans, je savais situer Gueugnon et Louhans-Cuiseaux sur une carte.
Nos moyens sont limités et le recrutement de joueurs médiatiques nous a rarement réussi. Quand les dirigeants malherbistes ont décidé d’investir plus fortement sur le marché des transferts, nous avons souvent terminé nos saisons avec une belle gueule de bois. Ce fut le cas dans les années 1990, au début des années 2000, et plus récemment avec Steve Savidan et Pierre-Alain Frau. Peu à peu s’est imposée l’idée de pérenniser le club par des décisions de plus long terme.
Avec son projet « Malherbe 2020 », Jean-François Fortin avait jeté les fondations d’un développement plus durable que celui défendu durant ses premières années au conseil de surveillance. Pascal Théault, dans l’interview qu’il a accordé le mois dernier à So Foot, le rappelle à juste titre : « Jean-François Fortin, que je respecte, Guy Chambily qui est décédé, c’étaient des gens que j’avais combattus pendant des années, car ils voulaient reprendre le club et diminuer le budget du centre pour ramener des stars. Je m’étais fâché, j’avais pris position contre eux. Alors quand ils sont arrivés au club, ils s’en sont souvenus ».
Il est difficile, lorsque l’on devient président, de tourner ses yeux vers l’avenir, de regarder un peu plus loin que le prochain mercato, de se projeter au-delà de la météo sportive. En cela, le projet « Malherbe 2020 » constituait une avancée. Son idée directrice était louable : consacrer une partie du budget au développement des infrastructures (en co-financement avec la ville) et à la montée en gamme du centre de formation, pour que le club puisse se construire par paliers successifs.
En prenant les commandes l’an dernier, la nouvelle équipe dirigeante insista sur l’intérêt de maintenir un actionnariat égalitaire, la meilleure des garanties, selon eux, pour pérenniser le club. Quelques semaines plus tard, nous apprenions que le centre d’entraînement de haut-niveau, dont l’inauguration était prévue en septembre prochain, était reportée à 2020. Le temps de rédiger un cahier des charges en phase avec les aspirations du directoire. Depuis cette décision prise au mois d’août 2018, aucune information n’a été communiquée sur le sujet. On ne sait si un budget a été sanctuarisé, si les travaux vont commencer ou si le projet a tout simplement été enterré…
Ce type d’outil constitue pourtant l’une des options les plus sûres pour pérenniser le club. Et peut-être même pour améliorer les recrutements d’intersaison. L’exemple du Stade de Reims mérite d’être médité, à travers les mots de Jean-Pierre Caillot, son président : « le vrai challenge, ça a été d’attirer les joueurs et les agents ici pour leur montrer nos conditions de travail. Tous ont été bluffés par ce qu’ils ont vu… Certains ont fait le choix de nous rejoindre, alors qu’on était en concurrence avec des clubs beaucoup plus établis et plus riches » (Le Figaro, 19 mars 2019).
Le 24 mai dernier, les projecteurs du stade Michel d’Ornano se sont éteints sur la Ligue 1. Dans un entretien accordé ce week-end, vous avez souhaité que le club se reconstruise sur des fondations solides, pour retrouver ce championnat le plus rapidement mais aussi le plus longtemps possible. Vous avez également émis le souhait d’améliorer le fonctionnement de la section professionnelle. Et si l’une de vos premières décisions était de reprendre en mains le dossier du centre d’entraînement et de lui permettre d’aboutir ?