Peut-être était-ce demain, ou bien ce sera hier, toujours est-il qu’en attendant sa validation en conseil municipal la semaine prochaine, laquelle doit être suivie, sous quinzaine, par son approbation à la majorité des quatre-quarts lors du concours annuel de la Tripière d’Or puis, avant la fin de l’année, par la cession des parts encore détenues par le consortium des très petits actionnaires pour, in fine, aboutir à un avis favorable de la commission consultative de toutes les personnes physiques ou morales ayant un intérêt quelconque avec le Stade Malherbe Caen (CCTPMAIQSMC) devant permettre de l’entériner par un vote au suffrage universel direct en mars prochain, sous réserve que les dispositions dérogatoires liées à la lutte contre l’épidémie de COVID-19 qui interdisent à l’heure actuelle les rassemblements de plus de 5000 personnes, sauf au Puy-du-Fou, et quand bien même on n’en attendrait pas autant, ne soient plus en vigueur et qu’aucun Chinois ne dévore de loutre contaminée pendant le mercato d’hiver, le rachat du club très majoritairement par un fonds d’investissement presque totalement inconnu est enfin acté!
Il fallait au moins écrire la phrase la plus longue de l’histoire de WAM pour rendre hommage comme il se doit au plus long processus de vente d’un club n’impliquant pas Jack Kachkar, lui-même vibrant écho de la lente décrépitude d’un club dont la chute fut le parfait pendant des ambitions qui l’avaient précédée. De Fortin à Pickeu, de Garande à Dupraz, des putschistes au ticket Oaktree-Capton, Malherbe semble avoir touché le fond et cesser de couler : c’est déjà une très bonne nouvelle. Qu’attendre de l’avenir à présent?
Tout d’abord, j’aimerais partager l’optimisme global qui entoure cette arrivée de sang neuf cependant, en tant que supporter, je me sens plutôt, tel nombre de nos concitoyens, comme un malade sous perfusion en réanimation. J’envisage l’avenir à plat ventre, la vue au ras du matelas, lequel semble à priori confortable. Les nouveaux propriétaires ont promis d’investir entre 15 et 20 millions d’euros, tant pour satisfaire aux exigences de la DNCG que pour remettre le club sur les rails. Attention toutefois : sur les rails de la Ligue 2.
Gardons-nous d’ambitions trop élevées suscitées par les milliards d’actifs du nouveau maître des lieux et des nombreux succès de son intermédiaire trouvillais. Ceux-ci n’aspirent pour le moment qu’à redresser le club avant d’envisager, peut-être, un avenir plus Uber Eats que BKT. L’heure est plus à la restructuration qu’à l’optimisation. Concrètement, Malherbe doit redevenir un club de L2 pour espérer, un jour, se transformer en club de L1.
L’heure du rachat n’est donc pas celle des rêves mais de la réalité brute. L’activité d’un fonds d’investissement étant la recherche d’une bonne rentabilité de ses actifs, on peut s’attendre à court-terme à une franche réduction des coûts (on pense à tous les employés…), à du trading intense sur le marché des transferts alimenté par le centre de formation et à une prise de possession des immeubles du club. Pour le reste, pour le sportif, pour l’essentiel en gros, changer de projet va nécessiter un travail de plusieurs années, quand bien même la mutation ne se produirait pas au niveau du club tout entier mais de la seule équipe première tant le néant semble s’y être durablement installé.
Souhaitons malgré tout bon courage à la nouvelle équipe dirigeante et encourageons-les. Le club a cessé de couler, a toujours la tête sous l’eau, mais entrevoit la surface (de réparation).