Dans la foulée des nouvelles mesures annoncées par le Premier ministre Jean Castex hier soir afin de lutter contre la propagation du COVID-19 dans le pays, et en particulier celles concernant le rétablissement de la jauge à 5000 personnes au maximum pour les rassemblements en extérieur, c’est une bien curieuse idée que la Ligue de Football Professionnel (LFP) envisage de mettre en œuvre dans le but de préserver l’affluence dans les stades et le regain économique du football hexagonal tout en contribuant à la bonne santé démocratique et mentale du pays. En effet, d’après nos informations, des meetings politiques et l’exercice du culte, protégés constitutionnellement et donc exempts de restrictions, pourraient être organisés les soirs de match. Une inspiration brillante, mais selon quel modèle?
Aile droite, aile gauche, ultras, chaude ambiance, affrontement, lives, conférences de presse… Le vocabulaire des événements sportifs présente de remarquables similitudes avec la vie politique et démocratique du pays, ce que n’ont pas manqué de remarquer les dirigeants du football français, à l’instar de Pierre-Antoine Capton, que l’on dit à l’initiative du projet, lui qui, en son temps, lança l’émission Zemmour & Naulleau sur Paris Première et contribua donc à l’ascension du candidat déclaré à la Présidence de la République. Pour le producteur audiovisuel, pourquoi dès lors ne pas associer les deux types d’événements, un match de football et un meeting politique, dans un même spectacle qui serait mutuellement bénéfique? Il y a là deux terrains d’affrontement, deux assemblées que l’on pourrait fondre en une seule et même arène où se jouerait l’avenir de la Nation.
La difficulté consisterait à intégrer l’exercice du culte à ce nouveau type d’événement, la confrontation religieuse ayant une désagréable tendance à aboutir au massacre pur et simple. Un petit groupe d’opportunistes aurait proposé d’assimiler le football à une religion et sa pratique à l’exercice d’un culte dans un stade qualifié de temple, certains arguant notamment qu’il faut sacrément avoir la foi pour encore croire à la victoire les concernant, cependant les joueurs auraient manifesté une vive opposition à ce projet en raison de leurs propres croyances. De grosses réserves ont été émises par un autre groupe faisant observer que, cette fois, le vocabulaire partagé pourrait être « attentat », « boire le calice jusqu’à la la lie », « rupture des croisés », ou encore le malencontreux « dieux du stade » introduisant un panthéon et une mythologie peu en phase avec le monothéisme partagé par les différents cultes.
Les premiers échos parvenus jusqu’à notre rédaction font état du projet suivant : un avant-match animé durant l’entraînement des équipes par une personnalité politique locale suivi d’une première mi-temps durant laquelle pourrait discourir un candidat à l’élection présidentielle ou l’un de ses soutiens tandis que le bord opposé pourrait s’exprimer durant la seconde période, le tout étant ponctué à la mi-temps par un office religieux destiné à l’apaisement. Une suggestion de convertir les ramasseurs de balle en enfants de choeur pour l’occasion a été fermement écartée.