Aux origines
Un vaste champ à la limite de Caen et de la commune de Venoix, le long de la voie de chemin de fer de Caen à Cherbourg. Au début du 20esiècle, cet espace est loué par sa propriétaire, Mme Levée, à la Société Hippique de Basse-Normandie. Celle-ci y érige une petite tribune et un paddock pour des démonstrations hippiques. Autour, quasiment rien, le bourg de Venoix est à plusieurs centaines de mètres et la ville de Caen encore plus loin. Le terrain est bordé à l’est par le raccordement entre la gare État (SNCF) et la gare Saint-Martin, au sud par la route de Caen à Vire (actuellement avenue Henry-Chéron).
À la même période, le Club Malherbe Caennais (CMC) est à la recherche d’un lieu pour la pratique du football et du rugby. Il s’établit d’abord sur un terrain en pente à l’emplacement actuel de la place Blot, boulevard Leroy. Mais celui-ci ne convient pas totalement aux dirigeants du CMC qui convoitent cet espace situé de l’autre côté de la ville. Au tout début de l’année 1912, Henri Pigis – qui est alors le président du CMC – négocie avec la Société hippique de Basse-Normandie pour louer le terrain, puisque les activités de la société sont essentiellement concentrées l’été pour les réunions hippiques. Un accord est scellé entre les deux sociétés sportives. Le CMC occupe les lieux du 15 septembre au 15 juillet et la société hippique du 15 juillet au 15 août. L’une des clauses de l’accord indique qu’en cas de disparition de l’une des sociétés, l’autre récupèrera entièrement la location du terrain. Bien qu’elles ne l’occupent pas en même temps, les deux sociétés se répartissent l’espace : le football en bas, l’hippisme en haut. L’entrée se fait par l’actuelle avenue Henry-Chéron, non loin du terminus du tramway qui relie la commune de Venoix à la gare-État. Un premier terrain de football est tracé et accueille, dès le mois de mars 1912, des matchs du CMC. C’est le cas le 10 mars pour le match éliminatoire du championnat de France USFSA contre l’AS Française. A partir du mois d’octobre 1912, le Club Sportif Caennais y joue également des matchs de football et de rugby. Cette cohabitation amène les deux sociétés sportives à fusionner au début du mois de septembre 1913. Le nouveau club, le Stade Malherbe Caennais, établit logiquement ses quartiers à Venoix. Dès la fin du mois, les premiers entraînements de football et de rugby s’y déroulent.
La saison officielle de l’équipe première de football débute le 19 octobre 1913 par un match contre l’AS Honfleur. Quatre matchs de championnat se déroulent sur le terrain. La saison se termine le 11 janvier 1914 par un match à domicile contre le rival, l’AS Trouville-Deauville devant une centaine de spectateurs (5-3). Cette victoire permet au club de remporter son premier titre. Le club de football dispute ensuite des matchs amicaux, par exemple contre le Cercle Athlétique de la Société Générale, devant 200 curieux. Puis l’équipe joue les phases finales du championnat de France. Le 22 février 1914, le club dispute les 8e de finale contre l’US Servannaise (150 entrées payantes), mais se fait éliminer.
Le partage du terrain commence à poser problème, au vu de la multitude des sports pratiqués. La question de la taille du terrain principal et de la piste cendrée qui l’entoure devient crucial, et les membres de la section football association et ceux de la section course à pied sont en conflit. Finalement, ils tombent d’accord, et le plan du terrain d’honneur est dressé juste avant que la saison de course à pied ne débute. Une piste d’athlétisme de 400 mètres est dessinée. La saison commence le 12 avril au matin, juste avant le tournoi international de Pâques qui se déroule les dimanche 12 et lundi 13 avril 1913. Ce tournoi rassemble deux équipes anglaises : Ealing Old Boys et Polytechnic club. Des matchs se déroulent entre les différentes équipes de football et de rugby ainsi que contre les Anglais. La saison de rugby se termine le 19 avril 1914 avec un match entre le SMC et Vernon.
Les premières épreuves d’athlétisme débutent au mois de mai. Le comité de Basse-Normandie de course à pied organise ses 10 kilomètres et d’autres courses sur la piste de Venoix le 3 mai 1914. Le 17 mai, on court les relais, le 110 mètres haies et on organise les concours de saut en longueur. Au mois de juin, le championnat d’athlétisme de Basse-Normandie a lieu dans l’enceinte avec des épreuves de course à pied, de saut en hauteur, de saut en longueur, de saut à la perche et de lancer du disque.
Avec le remplacement du CMC par le SMC, le bail qui avait été signé avec Mme Levée devient caduc, et un nouveau bail est donc signé le 14 mai 1914 pour une location sur une durée de 12 ans. Avant que la société hippique utilise le terrain – en cette année 1914 – les deux sociétés s’entendent pour construire un véritable parc des sports sur celui-ci. En premier lieu, une tribune est érigée à partir du mois de juin 1914 afin de remplacer l’ancienne. Des boxes pour accueillir les chevaux sont construits. Le concours hippique se déroule les 26 et 27 juillet 1914. La première journée, la tribune est bien garnie et beaucoup de Caennais se pressent aux différentes épreuves de concours de dressage. Le deuxième jour, il y a moins de monde, d’autant plus que les cavaliers de l’armée sont rappelés dans leurs casernes car « l’Europe est menacée de conflagration générale » (dixit Ouest Éclair). Durant le conflit mondial, le terrain est utilisé par l’armée pour ses concours-épreuves d’étalons et de chevaux de selle qui servent à recruter des chevaux pour la cavalerie. Peu de matchs et d’entraînement s’y déroulent. Il faut attendre le mois de septembre 1917 pour que les entraînements aient de nouveau lieu. Le SMC organise une journée sportive le dimanche 7 octobre 1917 avec des matchs contre l’Avant-Garde Caennaise et l’Association Sportive Caennaise. Des matchs amicaux sont ensuite organisés alors que le conflit mondial perdure. L’équipe de football y joue son championnat de Basse-Normandie en janvier et février 1918. D’autres sociétés sportives comme l’Avant-Garde viennent parfois y disputer des match. Au mois de février 1918, l’épreuve de cross-country qui se déroulait avant guerre est de nouveau disputée et son arrivée a lieu au stade. Le 10 mars, le SMC rencontre une sélection de football de Basse-Normandie afin de terminer sa saison. En hommage à son buteur Eugène Lesomptier, tombé au champ d’honneur, le SMC organise une coupe qui porte son nom et où les équipes réserves des clubs sportifs bas-normands se rencontrent. La première édition se déroule le 7 avril 1918.
A la fin du conflit mondial, la société hippique cesse ses activités. En vertu de l’accord avec le CMC puis le SMC, l’utilisation du terrain est désormais entièrement confiée au SMC. Le terrain de Venoix devient donc celui du club.
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