Le stade municipal de Venoix
A la fin de l’année 1931, le président du club – Ernest Benoît du Rey – et son comité directeur envoient une lettre à la municipalité pour attirer l’attention sur la situation du terrain de Venoix : la propriétaire souhaite le récupérer à l’expiration du bail en 1934. Le club n’a pas les moyens financiers de le racheter et se tourne vers la municipalité. Le 17 février 1933, le conseil municipal autorise le maire, André Detolle, à acquérir la parcelle moyennant 350 000 francs. Le stade passe donc sous le contrôle de la mairie mais le Stade Malherbe reste propriétaire de la piste, des tribunes et des terrains en tant que locataire. Un nouveau bail est signé entre la ville et le club, le 21 mars 1934, pour que le club reste le locataire principal du lieu. La durée du bail est de 6 ans avec un loyer annuel de 6 000 francs. La durée et le loyer ont été édictés « par cette considération que le Stade Malherbe a dépensé des sommes élevées pour aménager le terrain de Venoix« . L’Étoile Sportive Caennaise paye un loyer de 2 000 francs pour l’utilisation de la piste l’été. En revanche, la ville devient pleinement propriétaire de la piste cyclable qu’elle remet à neuf en 1935 pour l’arrivée de l’avant-dernière étape du Tour de France (Vire-Caen contre-la-montre par équipes). Elle est désormais en ciment afin d’amenuiser les coûts d’entretien nécessaires chaque année (notamment pour les arrivées d’étapes du Tour de France).
La ville s’implique pleinement dans l’amélioration d’autant plus que certains membres du conseil municipal, tels Ernest Benoît du Rey ou Joseph Grégoire, sont des dirigeants du club. D’autres conseillers municipaux fréquentent l’enceinte comme le parlementaire Camille Cautru qui, à l’occasion d’un match entre Caen et Saint Étienne le 20 septembre 1936, prend fait et cause pour les spectateurs de la tribune située en face de la tribune d’honneur. Dans son rapport devant le conseil municipal du 5 novembre 1936, il précise « j’y vais souvent voir les matchs de football qui passionnent le public et j’ai constaté plusieurs fois qu’il n’y faisait pas toujours sec. J’y ai vu, notamment, un match de championnat Caen-Rouen, une abondante chute de neige ; dernièrement, c’était une pluie diluvienne. Tout le public a supporté stoïquement ces cataclysmes mais les spectateurs des tribunes n’y avaient aucun mérite« . Le conseil municipal vote la couverture des gradins par une charpente métallique et une ouverture en tôle. Ainsi naissent les célèbres « tôles » de Venoix !
Désormais propriétaire de l’enceinte, la mairie de Caen en profite pour organiser son grand prix cycliste. La première édition se déroule le 18 septembre 1932 en clôture de la saison cycliste. En 1933, le tour du Calvados qui se terminait sur la piste est remplacé par l’Étoile de Caen. La compétition a lieu au mois de juin et se termine par une course nocturne.
Les matchs de football prennent une nouvelle dimension au début des années 30. En premier lieu, le statut de professionnel fait son apparition. Le Stade Malherbe n’est pas encore concerné mais cela lui permet d’accueillir des équipes prestigieuses. Le 27 novembre 1932, le FC Sète vient disputer un match exhibition contre l’équipe première du SMC. 5 000 personnes prennent place dans les tribunes. L’engouement se confirme lors des autres matchs amicaux qui sont organisés afin de financer le club. Plusieurs équipes étrangères telles que le Kipest Budapest, le Beogradsky de Belgrade, l’Union Saint-Gilloise (Belgique), le Servette de Genève ou l’AS Differdange (Luxembourg) viennent fouler la pelouse de Venoix. Parfois, ces matchs amicaux ne se passent pas comme les dirigeants l’avaient prévu. Lors d’un match contre les amateurs de l’US Quevilly le 1er novembre 1937, les spectateurs s’en prennent à l’arbitre et aux joueurs. L’ambiance est délétère et les dirigeants du club hésitent à continuer d’organiser de tels matchs. Mais l’apport financier de ces matchs – alors que le club peine à remplir ses caisses pour continuer l’aventure professionnelle – les pousse à revenir sur leur décision.
Après moult hésitations, le club décide de passer professionnel en 1933. Le premier match professionnel du SMC se déroule le 26 août 1934 contre le FC Metz pour le compte de la première journée du championnat interrégional (équivalent de l’actuelle D2). Ces matchs professionnels attirent désormais la foule à Venoix. Pour la réception du voisin havrais le 23 décembre 1934, c’est près de 4 000 personnes qui sont présentes. L’aventure professionnelle se termine en 1938 avec un dernier match contre le Stade de Reims le 29 mai dans un stade « presque plein » selon Ouest Éclair. La saison suivante, le SMC rejoue en amateur dans le championnat de division d’honneur de Normandie. L’affluence est moindre mais l’équipe remporte ce championnat, le dernier avant la guerre.
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