Didier, fidèle auditeur rageux de France Bleu ne pouvait pas laisser passer ça ! Il a tenu à répondre au plaidoyer de La Caencaneuse, avec la délicatesse et la bonne foi qui le caractérisent…
Que je me taise ? Non mais elle a fumé la Caencaenneuse… Sans moi, qui va te divertir les soirs de victoire, lors du trajet retour dans la voiture, lorsque tu cherches en allumant la radio l’assurance qu’un blaireau légèrement imbibé ne partage pas ton analyse enthousiaste ? La France a 65 millions de sélectionneurs mais combien portent le prénom adéquat? Je suis le capitaine de l’AS Comptoir, entraîneur de la réserve du FC Rageux et, outre mes piges à France Bleu, je suis le fondateur du tournoi mondialement connu dans le Bessin « Beau jeu laid nouveau ». J’aurais pu faire carrière en DHR, mais une fracture de l’ischio-céphalo-cornellien gauche du métacarpe abyssinal survenue à l’âge de treize ans a réduit ma carrière à un honnête parcours en District. Alors oui, môdame la Caencanneuse, je connais le football et oui, moi, Didier, je l’affirme : on gagne, mais on est nul!
Certes il est beau, le but de Rodelin, au moins autant que les douze Prix Puskas qu’il a raté cette saison. Tellement beau que Vercoutre a délire en déclarant à l’issue du match : « Cette année, le coach a des idées et ça paye ». Franchement? Vercoutre il est comme moi on dirait, donnez-lui un micro et un public et il raconte de la merde. La grande idée, ce serait donc que Ronny rôde près de Santini, qu’on rapproche la chèvre du berger en gros. très rémunérateur en effet : 8 buts en 11 matchs. Quelle efficacité! Lorsque j’entends que Patoche comme chaque composition d’équipe par l’attaque, j’ai le sentiment que c’est pour vite s’en débarrasser.
Bon, j’exagère un brin, mais c’est pour être à la hauteur de mon personnage. Sérieusement, qu’est-ce qu’on s’ennuie! On peut trouver confortable et douillette cette septième place, s’en accommoder et se dire, en souvenir de toutes les turpitudes du passé, que seule la victoire est belle. Moi, ça m’emmerde. Je ne paye pas un abonnement au stade, un autre pour canal, encore un autre pour beIN, mes pintes au bar et le petit blondinet standardiste à France Bleu pour deux secondes de jouissance. Figure-toi que je suis un romantique et, pour moi, les préliminaires ça compte. Pour que le plaisir soit total, que je puisse parler d’orgasme, il me faut quelques caresses (de balle), un joli toucher (de balle), des transmission dans le trou (non) puis un peu de profondeur.
Ce qui nous oppose est en réalité un vaste débat et je vais tenter d’être au niveau de mes illustres homonymes du football, les Deschamps, Roustan, Six et autres Félix Ange-Barbe Machin : quel est, sans mauvais jeu de mot, le but du football et du sport en général ? Est-ce la victoire seule, rendant tout le reste accessoire, ou bien autre chose ? En tous cas, le Vélodrome vient de nous rappeler sans ménagement que l’important, c’est le contrepoint.