La fête est finie n’est pas un album sur le spleen, le temps qui passe et celui qu’on perd. En filigrane, les chansons parlent du Stade Malherbe Caen.
Le dernier album d’Orelsan est un succès énorme. Déjà consacré disque de platine, il conquiert aussi bien le grand public que la critique la plus pointue : » l’un des auteurs les plus doués de la chanson française » selon les inrocks, « un génie parolier » selon Melty, « tout sauf basique » selon le figaro culture (on pense à notre lectorat de droite). Bref, les critiques sont unanimes mais elles sont passés à côté de l’essentiel. La fête est finie parle du Stade Malherbe. Et c’est pas si surprenant quand on sait qu’Orel a une histoire avec le club. Il en porte le maillot, tourne des clips au stade, et a chanté :
« Tu paries la moitié de ton salaire que Caen va gagner Mauvaise idée » .
Bref, la vérité c’est qu’Aurel’ voulait faire un album consacré au SMC mais que sa maison de disque l’en a dissuadé. Ainsi a t-il a refoulé son projet d’album concept malherbiste qui a rejailli en lyrics évocatrices. Par exemple, dès le premier morceau de l’album, San, il chante
« J’aimerais retrouver la magie du début rien ne fonctionne quand le cœur n’y est plus ça fait mal à la fierté, j’ai du mal à l’admettre mais j’ai jamais été aussi perdu. »
Là c’est évident, ça parle des derniers matchs de Nico Seube avant sa retraite. Le morceau la fete est finie n’est pas tant une chanson sur le désarroi du temps qui passe et qui nous change mais bien une chanson sur la fin de carrière de Steed Malbranque comme l’appuie son titre. Orelsan chante :
« T’es plus vieux qu’ton père sur les photos d’quand t’étais p’tit Un jour, tu t’sens perdu dans les fêtes de famille »
Les paroles originales étaient « t’es l’plus vieux, tu pourrais être le pères de tes co-équipiers Un jour, tu t’sens perdu dans le rond central ». Et le morceau basique ? N’y voyez pas une chanson sur le bon sens comme leçon de vie, c’est bel et bien un un hommage à la réhabilitation du bon vieux 4 4 2, système simple et basique. Défaite de famille ne parle pas d’un mec qu’en peut plus de la banalité affligeante d’un repas de famille. C’est une complainte lorsque le SMC perd un match. D’ailleurs, après une désillusion, ne dit-on pas que c’est une bonne vieille défaite des familles ? Dans ce morceau Orel chante
« Vincent, t’as l’même âge que moi, pourquoi t’es quand même plus vieux ? »
C’est une dédicace non pas à Bessat, ce qui serait trop évident, mais bien à Féret qui dispute à Toulalan le titre du footballeur qu’est plus jeune que toi mais qu’à un physique de daron depuis 15 ans. Dans le même morceau le rappeur caennais clame :
« Mon héros, c’était toi Nico »
Des héros qui se prénomment Nico vous en connaissez beaucoup vous ? Le titre Quand est-ce que ça s’arrête n’est pas un morceau sur un gars toujours coincé dans sa petite vie et ses tracas malgré la réussite et la célébrité mais bien une chanson sur la fin de carrière de Steed Malbranque. Et croyez vous vraiment que le titre Christophe évoque Christophe Mahé? Il s’agit en fait d’une dédicace à Christophe Vaucelles, mieux connu sous le nom d’Olaf. Dans ma ville on traine n’est pas une chanson désabusée, nostalgique et sensible sur la ville de Caen mais évoque, comme son titre l’affirme, le replacement défensif poussif de Yahia et Ban Youssef. Note pour trop tard n’est pas un manifeste et encouragement à une jeunesse pleine de doutes et de potentialités mais plutôt un avertissement à Patrice Garande. Les paroles sont limpides et reviennent sur la sortie médiatique désastreuse du coach caennais à l’issue de la dernière saison :
« Si t’as l’impression qu’personne te comprend, c’est parce que personne te comprend C’est plus facile à vivre une fois qu’t’en es conscient Comment tu peux leur en vouloir ? Tu t’comprends pas toi-même Souvent seul avec tes problèmes, souvent, c’est toi l’problème (…) Fais-toi une raison, y’a très peu d’raisons d’foutre la merde Dans sa propre maison, même quand t’as raison »
Dans Zone, Orelsan salut l’efficacité d’Ivan Santini dans la surface de réparation (« Laissez moi je suis dans ma zone »), enfin, bien évidement, Tout va bien évoque les bons résultats actuels du club.
On sait bien que vous avez déjà écouté l’album au moins dix fois. Laissez vous tenter une onzième fois avec notre argumentation en tête et vous verrez que tout cela est aussi limpide qu’une passe en profondeur de Féret.