Tous les biologistes vous le diront : le vivant est sale, parfois dégueulasse et très malodorant. Ce qui est aseptisé est suspect et peut-être déjà mort. C’est une excellente nouvelle pour notre équipe qui, hier soir, a été d’une saleté crasse lors de son déplacement en Corse pour éliminer les Bastiais de la Coupe de France.
Souvenez-vous des Crados qui nous faisaient rire dans les cours de récrés, Mathieu le Dégueu, Lionel Poubelle, Mauvaise Hélène…tous ces personnages hilarants qui répandaient le rire et parfois le dégoût autour d’eux. N’étaient-ils pas la preuve que le moche, le vilain, le qui pue est un formidable vecteur de communication, de rire et osons le dire de communion. Notre crado en chef « Fabien martien » est pour sa part affublé d’une étrange combinaison spatiale qui nous rappelle qu’il est arrivé d’on ne sait où et l’on observera que son cerveau travaille à crâne ouvert, ce qui certainement un signe fort.
Par conséquent plus le Stade Malherbe est moche, plus il est vivant. Il est important de le rappeler quand le pessimisme ambiant devient vraiment déraisonné et pesant. Je l’affirme donc bien haut, je joue mal, et ce match est un formidable motif d’espoir. Regardez Casimir Ninga, à terre, perdant le ballon au milieu de deux joueurs, qui se relève pour aller placer une frappe toute vilaine dans les prolongations : c’est à cette combativité dans la laideur, à ce dernier sursaut d’espoir qui surgit quand tout semble fichu que nous devons croire.
Oui mes soeurs, mes frères, samedi à Amiens, ce sera probablement très moche encore : les passes n’arriveront pas souvent, Paul tirera en touche, Enzo tentera de marquer du genou, Fayçal s’énervera en faisant des petits sauts sur lui-même. Et alors ? Si ça peut nous permettre de décrocher un petit nul et de rentrer encore une fois vivants, on s’en contentera et l’on pourra se regarder dans le miroir, droit dans les yeux, contemplant cette mocheté tellement vivante.