Une invitation impromptue
Quand on a reçu à la rédac une invitation de la part de Frederic Lopez pour participer à « Rendez-vous en terre inconnue », on a d’abord cru à un canular aussi énorme que les 3 millions lâchés pour enrôler Yacine Bammou.
Puis en réfléchissant 2 secondes (ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps), on s’est pris à rêver : et si le Fredo voulait nous emmener voir Barça-Liverpool et ainsi nous faire découvrir un sport méconnu ici appelé football ? Ou nous emmener au Japon au pied du pont Akashi, le pont à poutres le plus long du monde ?
Le départ
Le jour du départ, Fred nous embarque dans sa Xantia. On en déduit que le budget de l’émission a quand même pris un sacré coup dans la gueule… Mais bon, soit.
Après quelques dizaines de kilomètres, en apercevant le Mont Saint Michel, NOTRE Mont Saint Mich’, on commence à se dire qu’il y a sérieusement anguille sous roche, ou plutôt hermine sous granit. On réalise qu’on quitte notre beau pays, pour une contrée bien étrange, par delà le Couesnon (oui parce qu’on a oublié de vous préciser mais ce couillon de Frédo avait oublié le masque pour nous bander les yeux).
Plus loin, en doublant 12 chars renfermant des hordes rouges et bleues armées jusqu’aux dents de drapeaux, écharpes et packs de kro, on est de moins en moins dupe : il se passe vraiment un truc :
Lopez, mine de rien, nous emmène tout droit en terre hostile, où le destin de nos 11 guerriers vikings va se jouer. Même les vils stratagèmes utilisés par Desplat, le Soron des Côtes d’Armor, n’ont pas eu raison de la détermination normande.
Une destination inattendue
Gonflés comme les poumons d’Olaf et prêts à en découdre, on arrive à destination, au pied de la gigantesque et légendaire arena du « stade municipal de Roudourou » (c’est Google qui le dit, hein).
On retrouve nos semblables à l’entrée, tellement akronés (c’est comme aviné mais avec de la kro) qu’on commence à craindre de devoir esquiver les fameuses galettes locales en tribune.
Sur place, les Bretons n’usent pas de leurs armes favorites que sont les catapultes et le kouign amann, mais l’accueil est toutefois un poil froid, pense-t-on. Mais bon, on se dit que c’est sûrement le choc culturel, et que ces mots, dans la langue locale, nous souhaitent chaleureusement la bienvenue.
On décide alors, en guise de réponse, de leur faire découvrir nos chants vikings ancestraux à base de « allez y poussez poussez » et de « le numéro 26 : Nolan ? Enculé ! » qui ne s’arrêteront plus jusque tard dans la nuit.
Eux aussi nous montrent ce qu’ils savent faire de mieux : un tifo aussi magnifiquement loupé qu’une occase de Malik Tchokounté : tout pété au milieu, comme une magnifique allégorie de leur niveau de jeu (bon OK et du nôtre, aussi).
Bientôt, sur le terrain, la bataille fait rage et les 2 équipes se rendent coup pour coup, à défaut de savoir faire quoi que ce soit d’autre. Ces sots y laissent quelques plumes d’apache.
Puis rien d’autre à signaler pendant 90 minutes. Caen cale, Guingamp paie.
En faisant le bilan à la fin de la rencontre, on s’aperçoit qu’on a finalement beaucoup de choses en commun avec nos hôtes rouges et noirs, en plus de la pluie, du beurre et du cidre : un jeu aussi vide, un stade aussi plein, et le même humour d’un club qui n’a plus que ça.
On chante, on danse, on crie, pour finalement se quitter le cœur lourd, en se roulant des galoches à tout va.
Si différents (parce que bon, on ne comprendra jamais l’intérêt de mettre un handspinner comme symbole de région, de foutre du sel dans le beurre ou de coller des bigoudènes aux culs des Scénic) mais si identiques.
Putain, c’que c’est beau.
On repart d’ici les yeux pleins de larmes, les oreilles pleines d’acouphènes, le sac plein d’un point précieux, et le ventre plein de galette saucisse. Alors vraiment, merci Fred pour la découverte.
Par contre, on est un peu casanier, alors on va essayer de rester encore un peu dans notre canapé Conforama, et on laisse bien volontiers à nos hôtes d’un soir la place pour ta prochaine émission, où tu leur feras découvrir une terre inconnue où la 4 fromages à l’andouille de Guéméné est reine.
Sylvio De La Vega & Jenny Barre